D’où venons nous ?

Je vous propose un petit voyage dans le temps :

Nous sommes en pleine Révolution Française, en 1793, sous la Convention.

Les toutes premières personnes extérieures à être sollicitées   pour être présentes dans les écoles, gratuites mais non obligatoires, avec une mission officielle, sont appelés…. magistrats aux mœurs !

On était dans l’idée d’un sage, qui serait le regard laïque et républicain des familles et de la société. (je ne précise pas, mais c’est un homme bien sûr)

Je ne vous fais pas de dessin… les premières intentions sont bien de contrôler ces lieux….

Et au XIXe cela ne s’arrange pas vraiment question contrôle… Petite partie de ping-pong :

1806 – Napoléon Ier préfère des ecclésiastiques et les nomme Conseillers.

1816 – La Restauration crée les Comités de Charité. Puis réflexion faite…. des Comités de Surveillance au niveau des cantons. Ce sont des notables !

1833 –  Le Ministère Guizot préfère les appeler Délégués et ils sont nommés pour trois ans.

1850 – La loi Falloux supprime tous les comités et crée les délégations cantonales.

Ces délégués cantonaux sont des auxiliaires de l’administration et de véritables inspecteurs.

Ils devaient surveiller les sentiments politiques et religieux des enseignants… et la moralité de leurs actions.

Là on est au maximum ! Et je me dis qu’il ne devait pas y avoir de difficulté de recrutement….

Je vous le dis tout de suite : en tant que DDEN,  nous refusons catégoriquement ces ancêtres là !

 

Ceux que l’on pourra  vraiment appeler « ancêtres » des DDEN sont nés de la loi GOBLET du 30 octobre 1886 (et décret du 18 janvier 1887).

Cette loi organise l’enseignement primaire public et laïque. Le statut de délégué cantonal est clairement défini :

il sera le regard des familles et de la société – il a pour vocation d’être l’inspecteur de l’éducation.

Vous me direz, où est la différence ? C’est encore du contrôle non ?

En fait les choses se nuancent, car ces personnes, ces sages que l’on consulte, sont des sortes de missionnaires laïques et républicains. Ils sont très vite soucieux de leur indépendance.

Ce sont eux qui par leur action vont installer l’école publique dans le pays.

Là, on est d’accord, c’est notre aïeul !

 

Et pour bien montrer leur indépendance vis à vis de l’Administration qui les nomme, ils s’organisent et créent en 1906, lors du congrès de la Ligue de l’Enseignement l’Union  nationale des Délégués Cantonaux.

Ainsi ils seront plus forts pour s’informer, échanger et agir plus efficacement.

Et 20 ans plus tard, en 1936, sous le patronage d’Édouard Herriot, ministre, c’est une Fédération nationale des Délégués cantonaux qui est fondée.

Et en 1937, elle devient indépendante et se transforme en Fédération des Unions départementales des délégués cantonaux de France.

Nous volons de notre propre ailes ! Le vol va être court : la période qui se prépare est plutôt noire.

Les délégations cantonales sont supprimées par le régime de Pétain en 1940 ! Elles ne seront rétablies qu’en 1947.

Et là, je vous rassure, cette décision de Vichy, nous en sommes très fiers !! Cela prouve bien que nous étions vraiment indépendants et que cela ne plaisait pas à tout le monde….

On reprend nos activités, mais si vous avez été attentifs (ce dont je ne doute pas…) vous avez remarqué que nous ne sommes pas encore des DDEN (nous ne sommes que des DCF…)

C’est Edgar Faure, ministre de l’Éducation nationale en 1969 qui nous désigne comme délégués départementaux. Et les cantons sont délaissés au profit des circonscriptions d’inspection que nous appelons délégations, pour nous répartir le travail.

À ce moment là nous n’avons que le droit de « participer » au conseil d’école.

Il nous faudra attendre 1980, pour devenir membres de droit du Conseil d’école et pouvoir voter au même titre que les trois autres partenaires.

Et nous serons nommés pour 4 ans.

Je reconnais que ça a été un peu long comme histoire….. mais ce n’est pas de ma faute s’il faut autant de temps pour que les esprits « politiques » évoluent…..

 

Mais le plus triste, c’est que, alors que nous avons cette reconnaissance officielle,

nous n’avons plus assez de monde, en Lot-et-Garonne,

pour être présents dans toutes les écoles….